Odile BARSKI

Thriller Thriller Thriller Thriller Thriller Thriller Thriller Thriller
Chambre 12, n'oublie pas Comment sera la fin ? L'entorse Le maître enchanteur Le manteau réversible Lecomte Thérèse Quartier libre Zoé en mai

 

Chambre 12, n'oublie pas           TOP

Pour avoir volé dans les vestiaires, Julie a été renvoyée du lycée. 

Elle ne dit rien à ses parents. 

Ça tombe bien puisqu'on est à la veille des petites vacances.

Et que la famille s'embarque à cette occasion pour le Périgord.

Où Charles, le père, un mythomane porté sur le whisky, a l'intention d'ouvrir un restaurant de nouilles. 

Malgré les protestations de Lou, la mère de Julie, qui préfère rester à Paris fumer des herbes et lire Proust, la famille s'embarque dès le lendemain. 

En dehors des bagages habituels, chacun emporte avec lui son secret : 

Charles, un mystérieux billet signé Dominique et qui lui donne rendez-vous à Sarlat,

Lou, du haschisch et un sac de rancœurs contre son mari,

Julie, un détecteur de métaux grâce auquel elle projette de glaner sur les rives de la Dordogne les gourmettes égarées par les estivants. 

Ainsi s'engage ce roman, un des plus drôles et des plus féroces qui soient. 

Il se déroule tout entier sous le regard de Julie, qui est à la fois gouaille, intransigeance et dérision. 

C'est elle qui parle, élucubre, dissèque et déraille, avec un brio et une verdeur de ton qui font irrésistiblement songer à la Zazie de Raymond Queneau. 

Une Zazie des années 80, auprès de laquelle sa glorieuse aînée, parfois, fait presque figure d'enfant de chœur.

 

Comment sera la fin ?           TOP

Une femme quitte son amant, comme chaque semaine, pour rejoindre son collaborateur. 

Lorsqu'elle arrive, elle apprend que le responsable de la fiction de la chaîne télévisuelle pour laquelle elle travaille a été tué. 

Elle repart. 

Durant le trajet en train, un de ses voisins lui donne un médicament contre le mal de tête, qu'elle accepte avec soulagement. 

Elle s'endort. 

A son réveil, la réalité et le temps semblent légèrement altérés. 

Elle croise un ami d'enfance qui la conduit vers un bourg curieusement nommé Ninive. 

Lorsqu'elle retrouve son amant, il lui apparaît tel qu'il était vingt ans auparavant. 

Dans un moment de lucidité, elle suppose que son compagnon de compartiment l'a droguée. 

Elle lutte pour résister, mais les événements prennent un tour étrange. 

Une autre réalité s'impose, plus troublante et mystérieuse, où il lui faudra triompher d'énigmes et de pièges tendus. 

Conciliant à merveille les deux genres que sont le fantastique et le roman noir, l'auteur entraîne le lecteur dans un univers oscillant entre le rêve et le réel. 

Les dialogues, vifs et marqués par un humour cruel, donnent un rythme tout particulier à cet ouvrage, placé sous le signe de Freud et du cinéaste David Lynch.

 

L'entorse           TOP

On est seul à savoir pour soi. 

Je l'ai toujours su. 

Même dans le sommeil. 

Même dans le demi-sommeil de mes actes les plus cinglés. 

Même le jour où j'ai eu ce truc dans les mains, dur, noir, dangereux, lâche-ça, Jeanne... 

Et quand le coup de feu est parti, j'ai su aussi. 

Su que j'étais en train de défaire l'œuvre de Dieu et des mamans. 

C'est un sacrilège de tuer. 

Je le savais. 

Même hors de moi. 

Même dans le frisson où j'ai tiré. 

C'était plus fort que moi mais c'était moi. 

L'œil de Dieu n'a pas suffi. 

Ni celui de ma mère. 

Un œil qui laisse faire est un regard complice. 

Il aurait fallu un bras pour m'arrêter. 

Après quatre ans d'emprisonnement pour meurtre, Jeanne sort à l'air libre avec ses comptes à régler et ses questions, sa peur de rien et sa peur de tout. 

Mais les fantômes du passé, parfois, resurgissent là où on ne les attend pas. 

Il est de nouvelles rencontres qui sont de vieux pièges. 

Entre la forfanterie, la crainte, le désir de plaire et celui de se plaindre, l'entorse à la loi et l'entorse à la cheville, où trouver la ligne de partage qui les déjoue ?

 

Le maître enchanteur           TOP

Il se regarde danser dans les miroirs, poursuit les actrices dans leurs loges. 

Il ouvre les portes d'un laboratoire aux odeurs inquiétantes, scrute la chair des souris à travers des photos agrandies mille fois. 

Mais quel est donc cet homme, débarqué à Paris en 1947, avec, pour tout bagage, un diplôme polonais, l'amour de la liberté et le culte de la langue française.

Et qui, bien des années après, couvert de prix scientifiques, se laisse ensevelir dans le cauchemar où le plonge la maladie ? 

Oui, quel est cet homme ? 

Et comment le saurait-elle, cette femme qui raconte son père ? 

Les souvenirs qui lui reviennent de son enfance, les images du moribond pitoyable, tout ce qu'elle découvre, enfin, après sa mort.

Ce passé qui resurgit, éclaté et comme grossi, à son tour, à travers le microscope du laboratoire paternel, forment une sorte de puzzle aux pièces inemboîtables. 

Manœuvrée, manœuvrante, elle entretient avec cet étranger familier une relation mouvante qui, sans cesse, la redéfinit et le redéfinit. 

Qui est cet homme et qui suis-je à travers lui ? 

L'interrogation, et c'est le vertige même sur lequel se construit le roman, se creuse, s'élargit, pour une réponse chaque fois plus improbable.

 

Le manteau réversible           TOP

Louise décide de faire le vide. 

Son amant, son mari, ses fringues, sa maison. 

Tout. 

Elle largue tout. 

Seul son vieux manteau résiste à ce grand nettoyage méthodiquement orchestré. 

Sans se retourner, elle s’en va au volant de son coupé Mercedes. 

Hanté par le départ de sa femme, happé par le même vide, Laurent se lance à ses trousses. 

Dans une agglomération-fantôme où l’affolement et le chaos général font écho au chaos des cœurs, une course-poursuite à deux voix s’engage.

Sans cesse freinée par des rencontres menaçantes et semée d’embûches mortelles. 

Plongée dans l'encre rouge de la mémoire, la plume acérée de l'auteur trace obstinément les contours du mot vérité.

 

Lecomte Thérèse           TOP

Thérèse Lecomte a tué Thibaud Garrel. 

Enfin, c’est ce que tout le monde croit : 

ses voisins offusqués par la valse des hommes qui entrent dans sa maison et les airs de tango qui en sortent, 

le juge, convaincu que cette femme à la logique déroutante qui s’obstine à le tutoyer est une criminelle endurcie, 

ou encore la postière excédée par le nombre de lettres adressées à des femmes différentes qui débarquent sans relâche chez Thérèse. 

Il semble pourtant normal à celle-ci de changer de nom selon qu’elle décide d’être voyante, réparatrice de voitures ou collectionneuse de roses.

D’autant que les gens qui l’entourent ne sont pas en reste question manies bizarres. 

Entre ceux qui élèvent des bêtes dangereuses et ceux qui se cachent dans les armoires.

C’est tout un petit monde étrangement inquiétant dans lequel Thibaud Garrel aurait mieux fait de ne pas mettre les pieds.

 

Quartier libre           TOP

Marion Jouve travaille pour la télévision, René Ajzenberg est professeur de philosophie. 

Ces deux célibataires parisiens se croisent un vendredi soir de printemps dans la file d’attente de l’épicerie de leur quartier. 

En l’espace de vingt-quatre heures, le hasard va s’acharner à les faire se recroiser.

Lui avec son chien, elle avec le revolver dont elle cherche à se débarrasser. 

Mais est-ce vraiment le hasard ? 

Tour à tour drôle et menaçant, ce roman a le charme d’une rencontre amoureuse inédite.

 

Zoé en mai           TOP

Zoé en mai se passe en décembre, le 31 très exactement. 

Zoé aime Antoine, mais celui-ci est marié et c’est avec Albert qu’elle vit. 

Bref, Zoé n’est pas là où elle voudrait être. 

Mais où est-elle au juste ? 

Contrairement à ce que l’on croit, le temps, en nous, est une substance réversible et ultra-gonflable. 

Une substance fragile aussi : une tension trop grande et il explose, puis s’éparpille. 

Or, en cette Saint-Sylvestre, les épreuves n’épargnent pas Zoé. 

Elle s’ouvre le crâne sur le buffet Henry II d’Antoine. 

Après quoi, il lui faut rentrer, fiévreuse et recousue, pour célébrer l’An nouveau avec Albert et un couple d’amis. 

Ce réveillon, prosaïque et pesant, lui devient très vite insupportable. 

Elle est assaillie par les images de bonheur avec Antoine. 

Puis une petite boîte qui, appartînt à sa mère, Tania, la fait basculer du côté des souvenirs et de l’enfance.

Le passé et le futur progressivement l’animent comme une houle, que traverse le bavardage, toujours plus insolite, des invités.

Tel est ce jeu du cœur et du temps où nous introduit l'auteur, au gré d’une écriture tour à tour nonchalante et vive, qui sait, à l’occasion, adresser un salut malicieux à Raymond Queneau. 

Un jeu subtil et cocasse, certes. 

Mais, plus encore peut-être, un jeu cruel et déchirant, qui confère à ce livre primesautier son goût secret de cendres et de larmes.